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Les Oliviers
Aujourd’hui ce que je voudrais que mon vers cueille
C’est la délicatesse unique de vos feuilles.
Grises sous le soleil, ne crois-tu pas, ces feuilles,
Qu’elles ont essayé de verdir au printemps,
Puis, comme l’été vint, indolent et brûlant,
La paresse les prit au milieu de la route,
Et c’est ainsi que, plus Provençales que toutes
On les vit s’endormir, un jour, à mi-couleur.
Et l’ont dirait encor, dans la grande chaleur,
Que la poussière du chemin, légère et frèle,
Est venue se figer , toute entière, sur elles
A moins que ce ne soient, comme un pollen subtil,
Elles qui, sans relâche ,et depuis chaque
Avril L’aient distillée sur le chemin cette poussière.


Leur bois, comme pourri, parfois sonne le vide ;
Leurs rameaux sont tordus et leurs fruits sont amers ;
Il ont l’air besogneux, tenaces, secs, avides…

Ce n’est pas vainement que, pendant tout l’été,
Les arbres desséchés ont peiné sous l’averse
Effroyable des jours brûlants de volupté.

Dans les mois où le sol dur et fiévreux se gerce,
Alors que sous les cieux tout semblait s’assoupir,
Eux, par un merveilleux, par un subtil commerce,

Pâles d’un tel effort, tordus d’un tel désir,
Méprisant des jardins la douceur coutumière,
Tenaces, composant un magique élixir

Avec l’eau du rocher et le suc de la pierre,
Ils ont pris, ravisseurs, des éléments sacrés,
A la Terre son sang, au Soleil sa lumière.

Car demain, écrasant sous les pressoirs dorés,
Les petits fruits amers, dont la pulpe ruisselle,
L’homme fera couler l’huile aux reflets ambrés.

Poème extrait du recueil « La terre des lauriers » 1912

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