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Le Poème d’Assise – 1924

Musique : Canon – Johann Pachelbel (1653 -1706)
Les voyages d’Émile Ripert en Italie eurent sur lui une influence profonde.
Ce fut Assise qui le marqua profondément et c’est là qu’il eut la révélation du génie de la pauvreté incarnée dans Saint François.

Les douceurs d’Assise lui parurent secondaires, et LE POÈME D’ASSISE déborde de souffle religieux.

« C’est à tous ceux croyants ou non croyants que j’ose confier le sort de ce livre ; et je me suis permis de leur en conter l’histoire un peu étrange, pour leur indiquer que cette œuvre, si elle n’est point née du bouleversement actuel des consciences, semblait pourtant prévoir déjà la soif de l’or, qui a corrompu depuis tant d’âmes généreuses. »

 

Mariage de François.

Saint François se marie avec la Pauvreté….


Chacun d’eux pour témoins a choisi deux apôtres ;
Job vient à cette fête et dit : « Je suis des vôtres ! »
Les anges sont à l’orgue, et, parmi la clarté,
C’est Jésus qui, lui-même, à l’autel officie.

Les poètes très purs sont venus de très loin ;
Dante conduit leur chœur qui sent bon l’ambroisie ;
Chacun apporte une petite poésie ;
Voici le simple et doux Verlaine dans un coin,
Voici le vieux Tostoï qui retrousse ses manches,

Mistral chantant son vieux patois déshérité;
Ah ! le beau jour…Les cieux vers la terre se penchent…
Les cloches sonnent comme au matin des dimanches ;
Ah ! les gueux, ah ! les meurts de froid….voici l’Eté !…
Agitez des bouquets, des palmes et des branches…..

Saint François se marie avec la Pauvreté…

La Cigale

« Mes frères, écoutez notre sœur, la Cigale….


Elle est petite, elle est familière et frugale ;
Et, sans aucun désir vain de se faire voir,
Tout le jour, accroché au creux d’un arbre noir,
Elle chante…Mais peut-on dire qu’elle chante ?

Mais la cigale ne sait rien que répéter
Deux notes, ne sait rien, mes frères, que frotter
L’une à l’autre les deux membranes de ses ailes,
Or, tandis que le ciel sur les blondes touselles
Luit et que le soleil tient les champs accablés,
Elle seule, au dessus des fauves champs de blés,
Alors que tout se tait, les choses, et les êtres,
Les pins, les oliviers, les routes, les fenêtres,
Lorsque rien n’a plus la force d’un mouvement,
Elle seule, humblement, infatigablement,
Elle fait retentir l’air, le ciel et la pierre,
Et l’on dirait qu’elle est le bruit de la lumière ;
Sachant le peu qu’elle sait faire et le faisant,
Elle seule, perçant l’azur d’un tel accent
Que sa prière arrive à Dieu par-dessus toutes,
Voix des sillons qui va jusqu’aux célestes voûtes,
Elle seule, le long du jour égal et bleu,
Elle dit : « Louez Dieu ! Louez Dieu ! Louez Dieu !……

 


The Cricket

“My brothers, listen to our sibling, the Cricket…
It’s small, it’s familiar, unrevealing of its asset;
And it has no desire to be seen, out of humility,
Hiding within, all day long, the trunk of a black tree,
It is singing…Yet can it be said that it is singing?

Apart from endlessly repeating, it knows nothing,
Always the same note, my brothers, while it’s rubbing
The two membranes of its wings one against the other,
Yet, as the sky over the blond wheat fields would rather
Shine and as the sun keeps the ground heavy with heat,
The Cricket alone, well beyond the wild fields of wheat,
Over all things and all beings, a lasting silence holds,
Over the pine and olive trees, the windows and the roads,
When all things are too weak, when all is as still as a stone,
Humbly and tirelessly it is the Cricket, the Cricket alone
Who grants the air, the stones and the sky their echo
And it seems it gives the very light its own tempo,
It knows no other skills but it is simply excellent
At giving this light blue landscape a piercing accent;
Let its prayer reach God, let it reach him first,
From the fields up the holy heavens, it will traverse,
Vibrating through a evenly blue day as a vocal chord,
Gently whispering: “Praise the Lord! Praise the Lord! Praise the Lord!…


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