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La bastide familiale
Je suis là, dans un coin, sous l’amandier, sans faire
Un geste, regardant pâlir les astres d’or,
Comme un enfant qui veille un sommeil de grand’mère,
Contemplant la maison paternelle qui dort.

Le bruit des étés fous aux vacances chantantes
S’est enfui, et, là-haut, les meubles de cent ans
Gardant leur attitude éternelle d’attente,
Et, peu à peu, leur bois prend la forme du temps.

Dors, ö vieille maison, dans la nuit de Provence !
Demain Avril mettra son rire autour de toi
Et ses roses au vent de mer qui les balance,
Et des oiseaux viendront nicher parmi les toits ;

« Mon grand-père m’a légué aussi par les mains de ma mère la Bastide qu’il avait aménagée, agrandie, embellie dans la campagne de la Ciotat, et dont le séjour m’a fait poète, si je le suis, c’est par là que j’ai senti la beauté de la lumière, la splendeur des nuits, l’ivresse des printemps, la solennité solaire des étés, la mélancolie douce des automnes. C’est là que j’ai entendu gémir ou chanter le mistral dans les ramures des pins et la houle marine qui par les jours de vent d’Est roule sur nos rivages sa poignante symphonie. C’est là que toujours j’ai trouvé le bon repos, le port, l’asile pour mes fatigues physiques et morales, c’est là que j’espère un jour fermer les yeux à la lumière, comme je les y ai ouverts un soir d’automne. Plus que tous les poètes que j’ai connus, celui-là que je n’ai pas connu, en me donnant le séjour de ma méditation et l’instrument de mon expression, m’a permis de réaliser mes rêves, qui ne sont peut-être que les siens. »
E. Ripert
extrait du manuscrit « les poètes que j’ai connus »

LE SECADOU
Jardin de la bastide

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